Edito : Le VS Fighting rend bruyant…

C’est pas moi qui l’dis, c’est Bobonne. Et la copine de mon pote aussi.

Ceux qui vivent en couple, avec des voisins qui détectent tout bruit supérieur à 3dB, ou avec tout être vivant doué d’ouïe le savent : taper un round à son pote dépote, mais ça fait du boucan !
Que ceux qui restent stoïques et impassibles devant la téloche alors qu’ils se font ruiner la barre de vie, impuissants, me fassent signe et m’expliquent comment ils font ; parce que de mon côté, un round gagné, un shoryupif rentré ou un p’tit contre bien placé, ça provoque forcément une onomatopée virilement scandée… Mais si, vous avez tous fait un “Woooooo” ou proféré une belle insanité bien de chez nous un soir où Maman se faisait plaisir à baver sur Carré Viiip ou à mater la trilogie du samedi avec le dernier pot de Ben & Jerry’s…avec la remarque qui suit juste après, pour rappeler au mâle de la maison qu’il fait le kakou dehors, mais qu’à la casbah c’est Madame qui régule le volume sonore !

Mais plutôt que de pester sur ces viles personnes qui nous brident dans notre expression orale au vocabulaire aussi riche que celui d’un hamster dans sa roue, on va plus se pencher sur le problème de fond : pourquoi on s’exprime nettement plus dans un VS fighter que sur un jeu d’action, pourtant aussi adrénalinogène.

Est-ce la convivialité générée par le fait d’affronter un adversaire charnel ou le stress généré par la peur d’une défaite cuisante ? On jette la faute sur l’exaltation du moment décuplée par la prouesse virtuelle accomplie ou sur l’insupportable démonstration de performances ?

A vrai dire, je n’en sais rien. Y’a plusieurs facteurs combinés (nan, pas CES facteurs-là ! idiots…).

En premier lieu, l’issue d’un match est déterminée par une légendaire tirade de notre Christophe Lamber adoré : “Il ne peut en rester qu’un !”. On sait pas s’il parlait de la bataille du stick contre le pad, ou du tas de pixels qu’on manipule, mais il a eu une vision le jour où il a sorti ça.
Un gagnant, un perdant, 99 secondes (cas général)…et vas-y chérie !

Le concept est simple, mais permet de pousser pas mal de cris, qu’ils soient de joie, de rage, de surprise, d’approbation, d’auto satisfaction, de médisance ou de pétage de câble de “foutu nervous breakdown de chiasse que tu vas te la prendre ma furie au prochain round, pauv’débile que j’vais t’le fourrer bien où je pense ton bas gros poing de mes cou…. ”. Ahem, pardon, une réminiscence de ma dernière partie de low. Donc concept simple, efficacité prouvée, choix des armes varié, et pas d’ambiguïté.

Ensuite, on a toujours une différence de niveau entre opposants. Laquelle est bien souvent prétexte à un florilège d’excuses toutes plus géniales les unes que les autres, mais ça, on en parlera une autre fois. Cette différence est toujours l’occasion de se faire valoir ou de se lancer un défi. Situation créant une ambiance particulière, propice à l’expression courte et chargée en émotion, avant d’entendre (ou de prononcer) les fameuses excuses. Sourcils froncés ou sourire aux lèvres, y’a régulièrement un cri de bête, une reproduction de bruitage du jeu (Doooshitaaaa), d’annonce de furie synchronisée avec le jeu (prends mes RayBan de K’ dans la tronche !!!), ou le mime de la pose de la victoire. Particulièrement jouissif quand on gagne avec Iori. Ultra énervante quand on perd contre le mec qui a joué Iori et qui le mime… J’lui en foutrai moi, des hahahaha dans saggle !

Avec tout ça, on comprend qu’on soit cantonnés aux soirées où Maman va chez ses copines ou alors qu’on en soit réduit à aller jouer chez LE pote célibataire qu’il nous reste. On fait tout ce que les autres détestent : on beugle, on s’insulte, on se chambre, on boude, on demande des revanches toutes les 2 minutes en faisant preuve d’une mauvaise foi sans pareille et se plait à donner des roustes au p’tit dernier de la bande, en lui expliquant un peu le jeu quand même, histoire qu’il reste pas un sac de frappe toute sa vie de gamer.

Le VS fighting nous rend bruyants parceque c’est comme du Mennen : c’est un style de jeu pour nous, les hommes ! On est simplement nous-mêmes, avec nos forces et nos faiblesses, mais on les expose de façon tout conne : on joue et on s’amuse. Tout comme y’en a qui aiment le foot et qui vont au stade pour s’exprimer et se libérer, nous on joue sur nos consoles, on bourrine les sticks, on maugrée et on s’extasie.

Alors s’il vous plait, qui que vous soyez, si vous avez dans votre voisinage une personne douteuse qui hurle des mots japonais (ou pas, d’ailleurs), dites vous simplement qu’il s’exprime différemment et laisser le vaquer à ses occupations dans son coin, il ne vous fera du mal que s’il a le dernier Guilty dans la main…