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Ono lève le voile sur son hospitalisation et dénonce le management de Capcom

Yoshinori Ono, l’ex-producteur de la saga Street Fighter chez Capcom, est au placard. Après son hospitalisation pour surmenage, la sortie de Street Fighter X Tekken et tout le chaos qu’elle a engendrée, Ono a été remplacé par Ayano comme producteur de la série et est depuis en train de travailler sur on ne sait quoi.

Environ trois semaines après son hospitalisation il a donné une interview à Eurogamer où il aborde son hospitalisation, comment il est entré chez Capcom et comment il a relancé la saga Street Fighter IV.
Et on peut aussi dire qu’il ne mâche pas ses mots contre son employeur, même si comme le souligne l’intervieweur, on ne peut s’empécher de penser qu’il a quelque chose derrière la tête. Je vous conseille de lire l’interview en intégralité tant elle regorge de détails et montre à quel point Ono est un personnage vraiment hors du commun, loin de l’idiot pour lequel il aime se faire passer.

Pour ceux ne lisant pas l’anglais, voici les principaux faits à retenir.

La première partie de l’interview revient sur son hospitalisation. Il est rentré chez lui un dimanche soir après avoir fait la promotion de SFxT a Singapour. Le lendemain matin quand il s’est levé pour aller travailler, il a eu la sensation dans sa salle de bain que de la vapeur montait constamment et ne comprenait pas pourquoi. Il avait en fait la vision en train de progressivement se voiler à cause de l’épuisement, a fini par s’évanouir. Sa femme l’a entendu chuter et à appelé une ambulance.

Le médecin lui a diagnostiqué une acidité sanguine à peu près équivalente à un marathonien en fin de course et lui a donné une semaine de repos. Comme il le dit lui même : « You could say my health bar was on the dot. » Contrairement à ce que beaucoup ont dit, Capcom ne lui a pas demandé de prendre du repos et n’a pas changé son rythme de travail. Quand il est revenu le lundi suivant, personne n’était au courant de ce qui lui était arrivé et un ticket d’avion pour le Captivate de Rome l’attendait.

La suite de l’interview parle de sa jeunesse : il aimait programmer et a commencé la musique pour impressionner les filles en faisant du piano (raté de son propre aveu, c’est moins classe que la guitare qu’il apprendra plus tard), et de son entrée à Capcom comme compositeur. Il avoue que c’était une belle désillusion car son travail fut le plus souvent de coder la musique pour les portages de jeux Capcom. Il s’est ainsi retrouvé à coder des musiques, dont celles de SSF2X en binaire. Il raconte également que Capcom lui avait à l’époque donné trois semaines pour coder l’intégralité de la musique de Street Fighter Alpha version CPS1 alors que le jeu était à l’origine sorti sur CPS2, une carte beaucoup plus puissante.

Il ajoute que déjà à l’époque, Capcom était déjà doué pour mettre la pression, quitte à ce que les gens y laissent la santé. Quand il était à l’hôpital, il a finalement compris pourquoi ces gens disparaissaient sans rien dire une fois un jeu livré, et pourquoi on ne les revoyait jamais.

Il revient ensuite sur la genèse de Street Fighter IV. Il faisait partie de l’équipe ayant fait Street Fighter 3.3 et la raison pour laquelle il a toujours voulu relancer Street Fighter est qu’il regrettait d’être une des personnes qui avaient fini la saga sur un épisode certes parfait du point de vue de l’équipe de développement, mais tellement parfait qu’il était impossible d’aller au delà et signait donc le glas d’une série légendaire. Et en tant que fan, il ne voulait pas que la série s’arrête.

Aussi quand Keiji Inafune l’a fait passer producteur à l’époque de Onimusha 4, il a tout de suite proposé un Street Fighter IV (dont on sait qu’il devait être une suite à SF3.3 mais cette idée fut ensuite abandonnée au profit du SFIV que nous connaissons aujourd’hui) et a essuyé un refus de la part de Capcom car « la série était morte et ne ferait plus jamais d’argent ». Il a alors fait monter la pression en demandant aux journalistes et aux fans de réclamer un nouveau Street Fighter.

Il a obtenu un petit budget permettant de faire un prototype et quand le jeu a finalement été développé, personne ne pensait qu’il allait marcher et pour la majorité des gens de la boite, Ono était juste en train de faire perdre de l’argent et du temps à tout le monde. Il a du en faire la promotion tout seul également car aucun département n’a voulu l’aider. L’ensemble des épisodes de Street Fighter IV s’est vendu à 6.4 millions d’exemplaires.

Il termine l’interview en expliquant sa vision du jeu de combat en général : pour lui un jeu comme Street Fighter est un outil comme le sont les échecs et les cartes, permettant une interaction sociale et une expression de son propre caractère à travers le jeu. Son but avec Street Fighter IV était non seulement de créer l’épisode que lui désirait en tant que fan, mais aussi de créer une communauté mondiale liée par le jeu en ligne et ainsi éviter l’enclavement des micro-communautés comme c’était le cas il y a 15 ans.

Son rêve serait de créer un « Ordre de Street Fighter » dans lequel le monde entier jouerait en ligne, peu importe le jeu. Il ne demanderait qu’un euro par joueur pour qu’il puisse en vivre. Une blague rigolote comme il en fait souvent ? Pas tout à fait, Ono veut prendre le temps d’écrire ce projet. Pour lui c’est une mission presque personnelle de faire avancer la prochaine génération de jeux de baston. Voire même de la sauver.

Comme le souligne l’intervieweur, la question est de savoir si Ono aura assez d’énergie pour se sauver lui même.

Publié par

Neithan

Neithan est le fondateur et grand chef de Bas Gros Poing. Quand il n'est pas en train de parler de sa passion pour Guilty Gear il se prend à croire qu'il peut changer le monde et manger des gateaux. (╯°Д°)╯︵ ┻━┻

8 réflexions au sujet de « Ono lève le voile sur son hospitalisation et dénonce le management de Capcom »

  1. C’est bien beau tout ça mais en crachant sur la politique de la maison, il risque pas justement de perdre encore plus de poids dans ses projets ?

    1. Comme le dit l’intervieweur, il doit avoir une idée derrière la tête pour faire ça. Il est bien trop malin pour parler dans le vide.

  2. Tant mieux si il a une idée derrière la tête, par contre sa ne m’étonne même pas de la part de Capcom, je savais que c’était des sales types, alors un peu plus un peu moins…

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